Malgré le confinement, grâce aux élèves de 2des 1 et 3, le procès d’Arnolphe, héros de L’Ecole des Femmes de Molière, jouée pour la première fois en 1662, a enfin pu avoir lieu. Apprentissage, à voix haute, de la rhétorique judiciaire, ou comment se préparer au grand oral par le jeu de rôles …
Les années ont passé, et si finalement elle a épousé l’homme qu’elle aime, Agnès n’a rien oublié : la douleur d’avoir été élevée comme « une bête », les années d’enfermement, l’éducation réduite à l’apprentissage des tâches domestiques, la menace du mariage forcé…
Elle décide d’attaquer Arnolphe, et réclame que le préjudice moral qu’elle a subi soit enfin reconnu …
Se faisant avocat.es de la défense ou avocat.es de la partie civile, les élèves ont interrogé les témoins, appelant parfois à contribution parent.es, sœurs, frères, et prononcé leur plaidoirie soigneusement rédigée puis enregistrée.
Chacun.e a alors cherché à s’approprier les multiples questions que pose la pièce : si Arnolphe est sans nul doute coupable de mauvais traitements, peut-il toutefois bénéficier de circonstances atténuantes ?
Le terme de pédophilie est-il adapté ou anachronique pour parler de ce personnage ?
Même si Agnès a finalement échappé au pire, comment la justice peut-elle l’aider à se reconstruire et à véritablement s’émanciper ?
A l’heure de metoo, de la libération de la parole féminine, du débat sur la notion de consentement, qu’a à nous dire la pièce de Molière ?
Quelles ambiguïtés L’Ecole des Femmes porte-t-elle pour nous sembler autant d’actualité ? Comment ce saut dans le temps, et ce pas de côté, nous permettent-ils de mieux comprendre notre époque ?
De 1662 à 2020 Molière ne cesse de nous interroger !
- Simon Gosselin - Photographie
L’Ecole des femmes, Molière dans la mise en scène de Stéphane Braunschweig qui situe l’action de nos jours