16 décembre 2022 : Les 1res et terminales géopolitiques (HGGSP) en pleine conspiration.Un moment de géopolitique sur grand écran.

Accompagnés par 3 enseignant.es, les élèves de spécialité HGGSP (histoire, géographie, géopolitique et science politique) ont vu au cinéma Les Studios le film de Tarik Saleh, La Conspiration du Caire. Ce film recoupe les programmes de géopolitique de première (États et religions) et de terminale (guerre et paix au Moyen-Orient).

Tarik Saleh est un cinéaste égyptien exilé en Suède. Le film صبي من الجنة ( Walad min al Janna ), « Le garçon venant du paradis » est un thriller politique, tourné en Turquie : à l’université al-Azhar, le Grand Imam meurt subitement. La succession est ouverte. Les services secrets égyptiens veulent favoriser leur candidat et empêcher l’élection d’un frère musulman. Pour ce faire, la colonel Ibrahim manipule un jeune étudiant en religion (un taliban donc !) issu d’une famille de pauvres pêcheurs du delta. Celui-ci a fort à faire pour gagner les confiance des islamistes, déjouer leurs machinations, échapper à leurs représailles, tout en évitant d’être liquidé par les services secrets lorsqu’ils n’auront plus besoin de lui. L’adolescent candide se transforme en tête politique.

Ce film montre les relations entre religion et politique dans le contexte d’un pays musulman. L’Égypte est le pays où est né le mouvement des frères musulmans, fondé par Hassan al-Bannâ en 1928. Le film évoque un autre chef historique des Frères, Sayyid Qutb, pendu par le régime de Nasser en 1966. Dans de nombreux États musulmans, l’islamisme est une force politique essentielle. En Égypte, le Printemps arabe de 2011 le porte au pouvoir. Au dictateur Hosni Moubarak, issu de l’armée, succède Mohammed Morsi, un frère musulman. Celui-ci est renversé en 2013 par le coup d’État militaire du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, le chef d’État dont les portraits apparaissent dans le film. Celui-ci maintient les grandes directions de la politique étrangère égyptienne depuis Sadate et les accords de Camp David en 1978 : alliance américaine (dont l’Égypte a besoin pour se nourrir) et paix avec Israël.

Tarik Saleh s’est inspiré de deux auteurs : John Le Carré pour ses histoires de taupes (ou agents infiltrés, les Égyptiens parlent d’« anges ») ; Umberto Eco dont le roman Le nom de la Rose avait été porté à l’écran dans les années Quatre-vingt par Jean-Jacques Annaud. Le colonel Ibrahim (joué par l’acteur Farès Farès) tient ainsi le rôle du théologien-enquêteur Guillaume de Baskerville (interprété par Sean Connery dans le film d’Annaud) dans l’intrigue d’Eco.

La conspiration du Caire