♦ Sortie à Océanopolis avec les 2des 3

Cette visite s’est déroulée le 4/4/2013 et a permis aux élèves de se sensibiliser à la protection du littoral et du milieu marin de la mer d’Iroise.

Dans le cadre du projet d’ A.P. « les Jeunes et la Mer », financé par la Région Bretagne, les élèves de 2nde3 avaient souhaité se rendre à Océanopolis.

La journée était divisée en deux ateliers, animés par deux intervenantes d’Océanopolis. Mon groupe a commencé le matin par un jeu de rôles sur la protection d’un paysage géographique, l’île d’Ouessant. Une étude pluridisciplinaire avait mené une étude sur les interactions entre les différents agents économiques, les habitants et la végétation sur l’île d’Ouessant. (Cette étude était dirigée par Françoise Gourmelon, directrice de recherches à l’U.B.O. qui nous avait fait une conférence lors de notre récente visite à l’I.U.E.M. : son apparition sur les écrans de télévision d’Océanopolis lui a valu une standing ovation de la part de nos élèves !!!). Cette étude a ensuite été modélisée et un jeu de rôles a été développé pour favoriser une prise de conscience des acteurs locaux d’abord mais aussi de tous les joueurs (groupes d’élèves ou d’adultes en visite à Océanopolis). L’objectif de ce jeu de rôles est de faire comprendre l’évolution des paysages au fil du temps et d’en prédire l’évolution future. Pour cela, chaque joueur choisit un rôle : résident principal, agriculteur, élu local, restaurateur, étrépeur (= personne autorisée à couper des carrés de lande littorale pour les revendre au restaurateur qui les utilise pour cuisiner le fameux « ragoût sous la motte »d’Ouessant), résident secondaire (et président du club de randonnées), chasseur, et gestionnaire du Parc Marin Régional d’Armorique (protecteur du bien connu crave à bec rouge, une espèce protégée sur l’île…). Les acteurs disposent de moutons, de vaches ou de tracteurs à disperser sur des cases numérotées représentant environ 5 hectares de terrain.. Le but du jeu n’est pas annoncé mais à chaque tour (représentant une année), les participants se sont aperçu qu’ils modifiaient le paysage et que s’ils n’y faisaient pas attention, la broussaille (modélisée par des carrés rouges ou noirs s’il s’agit de broussailles infranchissables…) progressait, ce qui ne satisfaisait pas toutes les parties. Du coup, de vives discussions se sont engagées et chacun a essayé de défendre sa vision de l’île. Notre restaurateur n’en démordait pas, seule son activité permettait de préserver l’avenir de l’île, puisqu’il attirait les touristes ; l’agriculteur, très individualiste et vindicatif, ne se préoccupait que de son intérêt…Puis petit à petit, chaque joueur a pris conscience de sa responsabilité dans l’évolution du paysage (si l’on fait paître des vaches ou des moutons, on entretient le paysage et la broussaille est contenue ; si l’on étrèpe trop, le littoral se meurt et les touristes ne viennent plus photographier les craves et se désintéressent du lieu….) et les discussions sont devenues plus courtoises et fructueuses, le maire a pris conscience de ses pouvoirs régulateurs (dans l’autre groupe, il a proposé la construction d’un camping écologique) et le gestionnaire du Parc Marin a commencé à défendre la survie de ses craves.

Au bout de deux heures qui ont passé trop vite, il a fallu arrêter le jeu. Les participants ont constaté qu’ils avaient limité (tout juste) la prolifération de la broussaille mais ont reproché à l’animatrice de ne pas leur avoir clairement indiqué les règles du jeu dès le départ. Ce à quoi elle leur a rétorqué que dans la vraie vie, on ne connaît pas les conséquences de ses actes sur la végétation, qu’on les voit apparaître au fur et à mesure, qu’on les appréhende par tâtonnements, en commettant des erreurs et en essayant de les réparer. Les élèves ont ainsi compris qu’un paysage n’est pas statique et qu’il évolue en fonction des activités humaines. Et que la discussion entre les différents acteurs locaux est indispensable (mais pas toujours aisée) pour opérer un choix et préserver l’environnement. Et la conclusion s’est imposée d’elle même : le développement durable ne peut se faire que par interaction entre la société (élus et résidents), les acteurs économiques et l’environnement. Ces trois composantes doivent trouver un équilibre pour protéger chacun ses activités et c’est cet équilibre qui crée un développement durable.

L’après midi a été consacré à la visite du pavillon tempéré, dont les aquariums présentent quelques paysages sous-marins de la pointe de Bretagne : la grande vasière, le paysage rocheux, le tombant du talus continental, la forêt de laminaires etc… A chaque aquarium, l’animatrice présentait les différentes espèces animales ou végétales vivant dans ce milieu, et elle expliquait en quoi leur forme, la grosseur de leurs yeux ou leur couleur étaient conditionnées par l’endroit où elles vivent : sur le sable, en pleine eau, plutôt vers le fond…Elle montrait aussi comment chacun de ces milieux est exploité par l’homme et présentait les différentes techniques de pêche (filets droits, casiers, lignes et palangres). Elle n’a pas manqué de souligner combien ces milieux sont soumis à d’énormes pressions (surpêche, non respect des tailles de poissons ou crustacés, pollution…) et combien la mise en place du Parc Naturel Marin d’Iroise permet de tester de nouvelles pratiques de gestion : en effet, tous les acteurs doivent s’entendre afin de protéger le littoral et trouver des solutions, le Parc Marin n’ayant aucun pouvoir de contrainte.Enfin, elle a souligné combien le Parc Marin est attentif à la population de phoques gris dans ses eaux car ces mammifères sont indicateurs de la bonne santé de la mer d’Iroise.

Il y a eu bien sûr un rappel de connaissances sur les marées ; certains élèves, tout Brestois qu’ils soient, étaient incapables d’expliquer les phénomènes des marées, des mortes eaux ou des vives eaux. Puis vint un passage par les « aquariums-expériences » où l’on peut toucher étoiles ou concombres de mer, oursins et voir comment une coquille St Jacques saute pour éviter de devenir la proie d’une étoile de mer. Peu de volontaires pour se tremper les avant-bras dans une eau à huit degrés !

Enfin la dernière heure a été consacrée à une cartographie de synthèse:délimitation de la mer d’Iroise, du Parc Naturel Marin d’Iroise, du Parc Régional d’Armorique et des territoires relevant du Conservatoire du Littoral, tous organismes dont la mission est de protéger et de gérer le littoral, dans un espace fortement peuplé, fortement touristique, fortement utilisé (pêche, plaisance, Marine nationale) et périodiquement touché par des pollutions majeures…

Au final, une journée assez dense dont le contenu a plu aux élèves (le jeu de rôles a été plébiscité). La plupart des critiques concernait le manque de temps à consacrer aux deux autres pavillons, car visiter sans guide est « bien moins intéressant » (parole d’élève un peu frustrée…) Faudrait-il envisager une autre visite ?

Annick Tymen - Professeure

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