Une artiste à l’Iroise

Daphné Boussion EXPOSITION LAPS du 5 au 20 février 2021

Un moment de légèreté jeudi 4 et vendredi 5 février lors des rencontres avec la photographe plasticienne Daphné Boussion.

Au moment où musées et centres d’art sont fermés Daphné Boussion nous a proposé dans la Galerie pédagogique de l’iroise une vraie respiration. Difficile de rester insensibles à ses paysages qui n’en sont pas, car les repères sont tronqués : formes et couleurs se conjuguent pour éduquer notre rétine et mettre à mal nos habitudes de « consommation rapide des images ». Quelques impatients ont bien tenté un « j’en fais autant sur instagram ». Pédagogue (elle enseigne à l’école des Beaux-Arts de Nantes), l’artiste a rappelé qu’il n’y avait ni trucage ni filtre et que la plupart de ses photographies sont prises avec de bons vieux appareils analogiques. C’est le cadrage qui est un peu le maître du bal chez Daphné Boussion, qui enregistre un réel « au bord de l’oeil », quand notre rétine est frappée par fraction de seconde, d’une couleur, d’un jeu de lumière, d’une intuition… Le fait qu’aucune des images n’est légendée nous pousse à assembler, revisiter affects et souvenirs, et reconstruire notre propre perception. Un lâcher-prise temporel, géographique, qui installe un autre temps, qu’on appelait autrefois contemplation ?

Daphné Boussion cherche à prendre à rebours les fondements de la photographie-document pour s’interroger avec les regardeurs sur ce que dit une image sans index ni indice. Elle a fait le choix d’utiliser ses outils de manière expérimentale et privilégie un matériel d’amateur, favorisant et cultivant l’aléa, jouant avec le temps et la lumière, non sans rigueur, dans les compositions et le cadrage. On pourrait qualifier sa production de « photographie minimale » au sens où elle cherche à produire des images inexpressives, épurées, articulées entre elles de manière sérielle. En photographie tout est question de temps, le moment où l’on appuie sur le déclencheur, et la vitesse d’ouverture de l’obturateur. Daphné Boussion cherche, en variant les formats, en jouant de l’accrochage, en accordant beaucoup d’importance à l’espace laissé entre les images, à sculpter le temps des images, pour reprendre l’expression du cinéaste russe Andreï Tarkovski.