Les filles et les sciences

Brest : « Ne faites pas le métier qu’on vous dit, faites ce dont vous avez envie » Réservé aux abonnés

Six femmes sont venues témoigner de leur parcours professionnel auprès des filles de quatrième et de première de la cité scolaire de l’Iroise, à Brest, jeudi après-midi. Objectif : casser les barrières et ouvrir l’horizon des jeunes femmes. Morceaux choisis.

1 « Vous avez autant votre place que les garçons »

Elles viennent toutes les six d’univers bien différents, mais partagent un sentiment : « Un certain nombre de filles ne s’autorisent pas à suivre leurs rêves. Nous sommes là pour vous dire que, lorsqu’un métier nous plaît, et lorsqu’on se donne les moyens de réussir, on peut y arriver ». Céline, Albane, Angélique, Claudine, Virginie et Fanny travaillent ou étudient toutes les six dans des métiers techniques et scientifiques du bassin brestois. Plusieurs d’entre elles ont suivi une formation d’ingénieur, où les femmes sont sous-représentées. « Le plus grave, quand on a votre âge, c’est de se poser des barrières, de s’interdire de rêver », insiste Angélique Boully, qui travaille chez Scheinder Electric. « Quand vous travaillez sur votre orientation, ne faites pas ce qu’on vous dit de faire, faites ce dont vous avez envie ». Étudiante en école d’ingénieur à Brest, Albane Coline de Verdière appuie : « Au moment de postuler pour une formation, les filles se mettent une pression supplémentaire. Vous avez autant votre place que les garçons. Être fort en maths ou en physique, ce n’est pas une question de genre ». À lire sur le sujet « C’est une filière de garçons, tu ne vas pas faire ça » : au lycée Dupuy de Lôme de Brest, les stéréotypes sur le gril

2 « Les parents jouent un rôle important »

En classe de troisième, Claudine Le Guen, qui travaille chez Harmonic France, a été convoquée avec ses parents par le principal. « On m’a clairement dit que je n’avais pas choisi la bonne orientation, que je devais faire autre chose ». Virginie Cadic, de chez Infotel, abonde : « J’ai vécu la même chose au lycée : on me disait que la filière choisie ne correspondait pas à mon profil ». Un point commun entre leurs histoires : des parents à l’écoute qui soutiennent leur enfant dans ses objectifs.

« Le rôle des parents est très important, même primordial », insiste Céline Wolski-Duval, salariée de Naval Group. « En quatrième, je voulais aller en filière professionnelle, explique Fanny Morvan, engagée dans la Marine. J’avais besoin de la signature de mes parents, les profs n’étaient pas forcément très partants. Ils m’ont dit : "Fonce, fais ce que tu as envie de faire". J’ai eu la chance d’être aidée ». À lire sur le sujet Pourquoi y a-t-il moins de filles en études scientifiques ?

3 « Les quotas, c’est dangereux »

Faire le nombre pour rééquilibrer les statistiques, l’idée ne plaît que trop peu aux intervenantes qui mettent en garde : « Les quotas, moi je trouve ça dangereux, les femmes ne sont pas du bétail », assène Angélique Boully. « La discrimination positive dessert les femmes, parce que très souvent vient la question : est-ce que je suis là pour faire le nombre, ou parce que mes compétences sont reconnues ? Ça ne fait que renforcer le syndrome de l’imposteur, qui est encore un fléau pour beaucoup de femmes ».

Le télégramme, Rémy Quemener.

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