Apprendre à regarder ?

A ne pas manquer : une exposition de Babeth Rambault à la galerie pédagogique de l’Iroise …

La Galerie pédagogique de l’iroise acueille depuis le 26 avril 2017 une exposition d’oeuvres de Babeth Rambault, artiste installée à Rennes. Des images en apparence banales, rendus malicieuses par la simple adjonction d’un titre qui en révèle toute la poésie.

Jeudi 11 mai, quelques classes de la cité scolaire ont eu le privilège de rencontrer l’artiste.

Concentration de la pensée de l’artiste pour trouver la juste expression

Ils ont pu poser leurs questions, faire part de leur étonnement. Mais Babeth Rambault avait aussi beaucoup de questions à poser aux élèves, sur la manière dont ils regardent le monde, sur leur pratique personnelle créative. Il ont donc été surpris d’être impliqués et ont vite compris l’enjeu d’un projet qui est un dialogue et une incitation à être poète, chacun à son niveau. Ils lui ont fait part de leurs petits rites intimes « je compte les poteux de la grille », « je ne mets le pied que sur les barres blanches des zébras en traversant la rue »

Babeth Rambault à l’écoute

« On voit avant de savoir parler et on ne voit que ce qu’on regarde. Donc regarder c’est choisir. Tout ça avec ce que nous savons ou croyons. »

Cette phrase de l’artiste nous dit combien le regard n’est jamais un enregistrement neutre du réel. Mais elle nous dit aussi combien le regard est un apprentissage : plus on regarde et plus on voit, plus notre regard devient sensible : aux variations de la lumière, si nous n’avons pas d’autre plaisir que celui de la contemplation de la nature, aux bizarreries du réel si nous voulons nous amuser à l’interpréter. Et Babeth Rambault ne se prive pas de le faire, avec astuce elle place des objets là où on ne les attend pas, elle en trouve d’autres là où ils ne devraient pas être. La poésie des titres, nouvelle association improbable, fait tout le charme et le comique de « ses petites situations banales ».

A propos de ses photographies de haies Babeth Rambault n’hésite pas à employer le mot de « portraits » de « celles qui protègent, isolent, camouflent » mais on se demande si la taille de ces haies ne révèle pas autant la personnalité de leurs propriétaires dans leur lutte pour dompter le végétal, leur quête de perfection, et leur désir de définir ainsi le périmètre de leur liberté.

Avec Babeth Rambault nous ne regarderons plus un tapis, une tranche de jambon, un vieux fauteuil ou la haie de notre voisin de la même manière, et nous aurons peut-être aussi envie de leur donner une deuxième vie, un sens caché.

A l’écoute : « Tous les objets, tous les espaces autour de vous ont d’abord été dessinés ».

Voir en ligne : Le site de Babeth Rambault