Sur les traces numériques d’un personnage de roman

Dans le cadre de leur projet i-voix, les premières L de l’Iroise ont reconstitué l’identité d’un personnage de roman à partir de ses traces sur internet, puis réfléchi sur la question de la mémoire numérique.

« Magnus ? Qui est Magnus ? » s’interroge souvent le héros éponyme d’un roman de Sylvie Germain.

Dans le cadre de leur projet i-voix, les lycéenn.nes de l’Iroise à Brest ont cherché la réponse en reconstituant son identité, désormais aussi numérique, à partir des traces qu’il aurait pu laisser en ligne : sur les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, Snapchat, Twitter …), sur les moteurs de recherche ou des sites de vente, via SMS ou gifs, à travers des messages laissés sur répondeur, des vidéos regardées sur YouTube, des playlists sur des sites de streaming musical …

Les créations sur le blog i-voix

Traçage du personnage sur une carte numérique

Le travail créatif renforce le plaisir de la lecture et l’appropriation de l’œuvre. Le traçage et le profilage du personnage en éclairent aussi le sens : il faut se souvenir pour se délester des souvenirs qui pèsent, l’identité est à chercher non dans le ressassement du passé, irrattrapable, mais dans un projet, qui ouvre la possibilité d’un devenir.

La pratique réflexive de la littérature et d’internet incite à adopter une distance critique par rapport à nos propres usages numériques. La confrontation entre un personnage amnésique et l’hypermnésie du web permet de saisir comment se constitue notre mémoire numérique et comment on peut tenter de se la réapproprier. Les élèves ont en particulier relié leur expérience de lycéen.nes aux analyses de l’universitaire Louise Merzeau qui considère comme nouvelle compétence numérique à construire la capacité à « anticiper le devenir trace de sa présence en ligne ».

Réflexions de Manuel et Pauline sur le travail mené : « Cela nous apprend que les traces sont permanentes et elles nous suivent partout comme le passé suit le héros. Magnus se retrouve « dans un monde sans oubli, où tout est documenté. » (Louise Merzeau) comme Internet. »

Analyses de Lisa et Mona : « Selon Louise Merzeau, « la réappropriation va consister à transformer cette logique du stockage en écriture mémorielle ». Ainsi, les fragments de souvenirs éparpillés qui reviennent fugacement à Magnus permettent de reconstruire sa mémoire dans un ordre logique et chronologique ».

Bilan d’Adèle et Suzon : « Les traces que nous laissons peuvent très facilement être retrouvées par autrui, ce qui nous en dépossède et, comme le souligne Louise Merzeau, le danger est qu’elles peuvent êtres alors réutilisées et décontextualisées. C’est la raison pour laquelle c’est à nous de nous les réapproprier, en mettant en place une mémoire numérique sur laquelle nous avons le contrôle. Il ne faut pas tomber dans les extrêmes et vouloir tout supprimer, mais inscrire nos traces dans le temps pour qu’elles se transforment non plus en « traces déposées » mais en « traces récoltées ».

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